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Écrit par Emilie FAURE |
14-10-2010 |
![]() Infirmière depuis plusieurs années auprès de personnes dans le coma, j’ai redécouvert la relation au patient en intégrant un service d’urgences et soins intensifs neuro-vasculaires de l’hôpital Gui de Chauliac (CHU Montpellier. J’ai pu y remarquer la constance de facteurs de risques vasculaires à l’origine de la pathologie, et j’ai été troublée par les demandes fréquentes des patients et de leurs proches révélant une inquiétude et une envie d’améliorer l’avenir. Cela m’a convaincue qu’il fallait modifier notre façon d’échanger avec le patient et son entourage. Pour tenter d’y répondre au mieux, en juin 2006, je me suis naturellement orientée vers le D.U. d’éducation pour la santé des patients, afin d’acquérir des connaissances et des compétences dans ce domaine. Appuis : Avec l’autorisation de ma cadre de santé, je me suis tournée vers les praticiens hospitaliers qui ont à leur tour exprimé une opinion favorable. Ce projet d’éducation conforte celui du service: « Diminuer les risques de récidives des AVC ». Recommandations : L’ARH, le Directeur du service de soins infirmiers et le président de la CME du CHU de Montpellier, encouragent la mise en place des actions d’éducation (le 29 novembre 2006, lors des journées d’échanges en éducation pour la santé des patients à Montpellier). L’ordonnance du 22 mai 2007, recommande l’inclusion de soins éducatifs dans la prise en charge des patients par les unités de neuro-vasculaires (UNV), outre les soins curatifs, palliatifs et préventifs. Recherche bibliographique : Je me suis renseignée sur plusieurs éléments qui semblaient correspondre à la base de ma démarche : les aspects psychologiques et le vécu des victimes d’Accidents vasculaires cérébraux, les moyens de les motiver à apprendre, l’approche soignante à adopter dans la nouvelle situation de « soignant-éducateur », et enfin la méthodologie de la démarche éducative. Analyse du contexte : J’ai effectué une brève analyse du contexte au moyen d’un questionnaire-test pour les patients et d’entretiens informels pour le personnel paramédical, dans le but de déterminer les difficultés et les appuis pour débuter une démarche éducative. Dans les deux cas, j’ai constaté soit un enthousiasme immédiat, soit un manque d’intérêt catégorique. Pourtant, ce résultat a pourtant été encourageant. Difficultés à la mise en place du projet : Le personnel soignant a évoqué le manque de temps, l’importante charge en soins curatifs, l’intérêt prioritaire pour les soins techniques, le sentiment que la démarche éducative n’a pas sa place dans ce service, ou que le moment ne semble pas opportun pour le patient. Éléments favorisants sa mise en place : Le personnel dynamique est sensibilisé à l’autonomisation précoce des patients, il est confronté régulièrement aux interrogations des patients, il constate qu’il existe des facteurs récurrents à la pathologie, il a à sa disposition des brochures d’informations destinées au patient, la notion d’éducation suscite sa curiosité et apporte une autre dimension aux soins. Public ciblé : Les patients concernés sont des adultes âgés de 20 à 85 ans, présentant un accident vasculaire cérébral, constitué ou transitoire, pour lesquels le diagnostic et l’étiologie ont été déterminés et dont l’état est stabilisé, ayant des capacités cognitives et d’expression conservées, et avec autant que possible l’appui de leur famille. Le groupe de pilotage : Ce projet personnel est devenu projet d’Equipe. A la demande de ma cadre de santé, j’ai constitué et animé le comité de pilotage pluri-professionnel au sein de mon service sur la base du volontariat, depuis mars 2007. Méthodologie : Le rôle du comité de pilotage est d’élaborer : • Un questionnaire qui détermine un diagnostic et un objectif éducatif, • Un plan d’action personnalisé, comprenant des conseils diététiques, d’hygiène de vie, des connaissances de la pathologie et des thérapeutiques. Outil de travail : Un questionnaire est encore en phase d’expérimentation. Il nous permet de déterminer avec le patient un diagnostic et un objectif éducatif, en s’appuyant sur les besoins et les facteurs de risques des personnes soignées pour la durée de son séjour en Unité Neuro-vasculaire. Actions mises en place :
Résultats : Cette démarche éducative enrichie la relation mutuelle soignant soigné. Elle répond à l’attente des patients et de leur entourage, et à l’envie des soignants d’y répondre. Les patients sont satisfaits de cet échange, émus que l’on prenne ce temps pour eux, ils sont souvent rassurés, ils comprennent mieux la maladie et appréhendent l’avenir en ayant des « clés » en main. Les soignants du groupe de pilotage eux, se prennent au jeu. Ils voient les patients autrement, sont attentifs à ceux qui sont susceptibles d’être inclus dans ce projet, recherchent des subtilités dans leur manière d’échanger, et approfondissent leurs savoirs professionnels. Une autre dimension est apportée aux soins. Conclusion : L’infirmière a un rôle primordial dans la mise en place d’une action d’éducation au sein de son service. Que ce soit dans l’initiation d’un projet ou dans son application. Débuter un tel projet s’avère passionnant. Il faut cependant une grande motivation car il demande beaucoup d’investissements et peu de valorisation du volontariat à ce jour. En effet, il nécessite une solide argumentation, des remises en question, et des recherches théoriques et méthodologiques importantes, mais aussi une volonté hiérarchique et médicale pour le promouvoir. Emilie FAURE Infirmière Soins intensifs neuro-vasculaires Hôpital Gui de chauliac (CHU Montpellier) Article paru dans le n° 27 (juin 2008) de la revue de la Coordination Nationale Infirmière (CNI) S’inscrire gratuitement à la newsletter de la CNIEnvoyer cet article |
Dernière mise à jour : ( 07-06-2011 ) |